jeudi 22 juillet 2010

Aperçus sur l’initiation, chap.XXVI : De la mort initiatique, p.180-181

La « seconde mort », d’après ce que nous venons de dire, n’est autre que la « mort psychique » ; on peut envisager comme susceptible de se produire, à plus ou moins longue échéance après la mort corporelle, pour l’homme ordinaire, en dehors de tout processus initiatique ; mais alors cette seconde mort ne donnera pas accès au domaine spirituel, et l’être sortant de l’état humain, passera simplement à un autre état individuel de manifestation. Il y a là une éventualité redoutable pour le profane, qui a tout avantage à être maintenu dans ce que nous avons appelé les « prolongements » de l’état humain, ce qui est d’ailleurs dans toutes les traditions, la principale raison d’être des rites funéraires. Mais il en va tout autrement pour l’initié, puisque celui-ci ne réalise les possibilités mêmes de l’être humain que pour les dépasser, et qu’il doit nécessairement sortir de cet état, sans d’ailleurs avoir besoin pour cela d’attendre la dissolution de l’apparence corporelle, pour passer aux états supérieurs.

Ajoutons encore, pour n’omettre aucune possibilité, qu’il est un autre aspect défavorable de la « seconde mort », qui se rapporte proprement à la contre-initiation ; celle-ci, en effet, imite dans ses phases l’initiation véritable, mais ses résultats sont en quelque sorte au rebours de celle-ci, et, évidemment, elle ne peut en aucun cas conduire au domaine spirituel, puisqu’elle ne fait au contraire qu’en éloigner l’être de plus en plus. Lorsque l’individu qui suit cette voie arrive à la « mort psychique », il se trouve dans une situation non pas exactement à celle du profane pur et simple, mais bien pire encore, en raison du développement qu’il a donné aux possibilités les plus inférieures de l’ordre subtil ; mais nous n’y insisterons pas davantage, et nous nous contenterons de renvoyer aux quelques allusions que nous y avons déjà faîtes en d’autres occasions (1), car, à vrai dire, c’est là un cas qui ne peut présenter d’intérêt qu’à un point de vue très spécial, et qui, en tout état de cause, n’a absolument rien à voir avec la véritable initiation.

Le sort des « magiciens noirs », comme on dit communément, ne regarde qu’eux-mêmes, et il serait pour le moins inutile de fournir un aliment aux divagations plus ou moins fantastiques auxquelles ce sujet ne donne lieu que trop souvent déjà ; il ne convient de s’occuper d’eux que pour dénoncer leurs méfaits lorsque les circonstances l’exigent, et pour s’y opposer dans la mesure du possible ; et malheureusement, à une époque comme la nôtre, ces méfaits sont singulièrement plus étendus que ne sauraient l’imaginer ceux qui n’ont pas eu l’occasion de s’en rendre compte directement.

(1) Voir Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, ch.XXXV et XXXVIII.

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