Maintenant, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que, en vertu de l’analogie constitutive du « macrocosme » et du « microcosme », ce qui est contenu dans l’« Œuf du Monde » (et il est à peine besoin de souligner le rapport évident de l’œuf avec la naissance ou le début du développement d’un être) est réellement identique à ce qui est aussi contenu symboliquement dans le cœur (2) : il s’agit de ce « germe » spirituel qui, dans l’ordre macrocosmique, est, ainsi que nous l’avons déjà dit, désigné par la tradition hindoue comme Hiranyagarbha ; et ce « germe » par rapport au monde au centre duquel il se situe est proprement l’Avatâra primordial (3). Or le lieu de la naissance de l’Avatâra aussi bien de ce qui y correspond au point de vue « microcosmique », est précisément représenté par le cœur, identifié aussi à cet égard à la « caverne », dont le symbolisme initiatique se prêterait à des développements que nous ne pouvons songer à entreprendre ici ; c’est ce qu’indiquent très exactement des textes tels que celui-ci : « Sache que cet Agni, qui est le fondement du monde éternel (principiel), et par lequel celui-ci peut-être atteint, est caché dans la caverne (du cœur) » (4).
(1) Voir L’Homme et son devenir selon le Vêdanta, ch.III.
(2) Un autre symbole qui a à cet égard avec le cœur une relation similaire à celle de l’œuf est le fruit, au centre duquel se trouve également le germe qui représente ce dont il s’agit ici ; kabbalistiquement, ce germe est figuré par la lettre iod qui est, dans l’alphabet hébraïque, principe de toutes les autres lettres.
(3) Il ne s’agit pas ici des Avatâras particuliers qui se manifestent au cours des différentes périodes cycliques, mais de ce qui est en réalité, et dès le commencement, le principe même de tous les Avatâras, de même que,au point de vue de la tradition islamique, Er-Rûh el-muhammadiyah est le principe de toutes les manifestations prophétiques, et que ce principe est à l’origine même de la création. – Nous rappellerons que le mot Avatâra exprime proprement la « descente » d’un principe dans le domaine de la manifestation, et aussi, d’autre part, que le nom de « germe » est appliqué au Messie dans de nombreux textes bibliques.
(4) Katha Upanishad, 1e Vallî, shruti 14.
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